Introduction
Chaque été, des milliers de Canadiens attachent leurs lacets pour participer à des marathons, des semi-marathons et des courses communautaires. Ces événements permettent non seulement de tester l’endurance, mais aussi de célébrer la santé, la communauté et le plein air. Cependant, ils sont de plus en plus influencés par les réalités d’un climat en évolution. Les organisateurs se retrouvent en première ligne de l’adaptation, devant faire face à la hausse des températures, à un ciel enfumé et à des normes saisonnières changeantes.

Stress thermique et annulations de courses
En juin 2022, le marathon du Manitoba à Winnipeg a été brusquement annulé en cours de course en raison d’une chaleur et d’une humidité extrêmes. Les coureurs avaient à peine franchi la ligne de départ que les conditions devenaient dangereuses, de nombreux participants nécessitant des soins médicaux pour des maladies liées à la chaleur. Les organisateurs ont invoqué la santé et la sécurité des coureurs et des bénévoles comme leur priorité absolue et ont pris la décision difficile d’interrompre l’événement.
De telles perturbations sont de plus en plus fréquentes. Dans tout le sud du Canada, les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus sévères, en particulier à la fin du printemps et pendant les mois d’été, lorsque la plupart des courses sur route sont programmées.
Ces tendances soulèvent des questions difficiles pour les organisateurs d’événements. Les courses devraient-elles être organisées plus tôt dans l’année pour éviter les pics de chaleur ? Quels soutiens médicaux et d’hydratation sont nécessaires le jour de la course ? Et comment les organisateurs peuvent-ils utiliser les données climatiques pour prendre des décisions qui protègent la sécurité publique ?
Cet article utilise les projections climatiques de Donneesclimatiques.ca pour aider à répondre à ces questions.
Utiliser Donneesclimatiques.ca pour étudier l’avenir des marathons à Winnipeg
Température
Les projections calculées à l’aide de la page de téléchargement de Donneesclimatiques.ca indiquent que le nombre de jours où la température dépasse 30 °C devrait augmenter considérablement, tant dans le scénario d’émissions modérées que dans celui d’émissions élevées (figure 1). À Winnipeg, la moyenne historique d’environ 11 jours où la température dépasse 30 °C pourrait plus que doubler d’ici le milieu du siècle et atteindre environ 90 jours d’ici la fin du siècle dans un scénario d’émissions élevées. Dans un scénario d’émissions modérées, Winnipeg devrait voir le nombre de jours où la température dépasse 30 °C doubler d’ici le milieu du siècle et pourrait atteindre environ 60 jours par an d’ici la fin du siècle.

Figure 1 : Nombre projeté de jours où la température maximum dépasse 30°C dans un scénario d’émissions modérées (vert, SSP2-4.5) et dans un scénario d’émissions élevées (rouge, SSP5-8.5) de 1950 à 2100 (le gris délimite la période historique modélisée).
Humidex
L’indice Humidex combine la température et l’humidité en un seul chiffre pour refléter la perception de la température par une personne moyenne. Comme il tient compte des deux facteurs les plus importants qui affectent le confort en été (à savoir la température et l’humidité), l’indice Humidex est un meilleur indicateur de l’effet de la météo sur le corps humain que la température ou l’humidité seules. Selon le Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail, lorsque l’indice humidex est supérieur ou égal à 40, toute activité physique non nécessaire devrait être réduite, ce qui en fait un indicateur clair pour déterminer quand les marathons devraient être annulés.

Figure 2 : Nombre projeté de jours où l’indice humidex est supérieur à 40 dans un scénario d’émissions modérées (vert, SSP2-4.5) et dans un scénario d’émissions élevées (rouge, SSP5-8.5) de 1950 à 2100 (le gris délimite la période historique modélisée).
Historiquement, à Winnipeg, il n’y a pas eu beaucoup de jours où l’indice Humidex a dépassé 40 (généralement environ 2 jours par an) (figure 2). Cependant, d’ici 2050, la ville pourrait connaître 8 à 12 jours par an où l’indice Humidex sera supérieur à 40. D’ici 2100, la ville pourrait connaître beaucoup plus de jours de ce type : environ 16 dans un scénario d’émissions modérées et 47 dans un scénario d’émissions élevées. Ce nombre de jours où l’indice Humidex est supérieur à 40 pourrait modifier considérablement la disponibilité des dates pour accueillir le marathon du Manitoba à Winnipeg.
Fumée des feux de forêt et préoccupations relatives à la qualité de l’air
Outre la chaleur extrême et l’indice humidex élevé, la fumée des feux de forêt est devenue une préoccupation croissante pour les événements en plein air. Les saisons des feux de forêt de 2023, 2024 et 2025 ont entraîné une détérioration de la qualité de l’air dans de nombreuses villes canadiennes, parfois pendant plusieurs jours ou semaines d’affilée. Au cours de l’été 2023, plusieurs courses dans le nord des États-Unis et l’ouest du Canada ont été raccourcies, reportées ou carrément annulées en raison de la fumée des feux de forêt, notamment des événements en Alberta et en Colombie-Britannique.
Déjà en 2025, les feux de forêt dans le nord et l’est du Manitoba, le nord de la Saskatchewan et le nord-ouest de l’Ontario ont déclenché des avis sur la qualité de l’air dans le centre et l’est du Canada. Ces conditions peuvent être particulièrement dangereuses pour les athlètes d’endurance, dont l’effort physique augmente leur respiration et leur vulnérabilité aux particules fines.
À l’aide de l’application « Projections de la météo des feux de forêt » (Projections de la météo des feux de forêt) de Donneesclimatiques.ca , nous avons examiné comment la durée de la saison des feux au Canada (voir encadré 1) pourrait changer à l’avenir (figure 3). Les résultats indiquent que la durée de la saison des feux devrait augmenter dans tout le pays. Dans la majeure partie des provinces des Prairies, on prévoit une augmentation de la durée de la saison des feux d’environ 15 jours dans un scénario à émissions élevées (RCP8.5) vers le milieu du siècle (2041-2070), par rapport à une référence de 1971-2000. Dans certaines régions, comme la côte de la Colombie-Britannique, les augmentations prévues dépassent 80 jours. Les projections relatives à la durée de la saison des feux n’estiment pas le nombre, la taille ou l’intensité des feux de forêt. Cependant, l’allongement de la saison des feux, ainsi que les projections qui montrent une augmentation de la sévérité des conditions météorologiques propices aux incendies, indiquent que le danger d’incendie au Canada devrait augmenter dans un climat en réchauffement. Une saison des feux plus longue entraîne généralement un risque accru de mauvaise qualité de l’air.