Donneesclimatiques.ca a fait l’objet d’une refonte majeure afin qu’il soit plus facile que jamais de trouver, de comprendre et d’utiliser des données climatiques de haute qualité. Découvrez la nouvelle version de Donneesclimatiques.ca.

Vagues de froid et changements climatiques

Date 7 novembre 2025
Auteur Ryan O’Connor et Elaine Barrow, du CCSC
Sujets Renseignez-vous sur les changements climatiques, Risques
Partager cette publication

Introduction

Les vagues de froid, ces courtes périodes exceptionnellement froides, sont une caractéristique de longue date des hivers canadiens. Elles peuvent mettre à rude épreuve les systèmes énergétiques, perturber les transports et présenter des risques pour la santé et la sécurité, en particulier pour les populations vulnérables. Si les vagues de froid continuent de se produire, leur nature évolue dans un climat qui se réchauffe. Les observations menées dans tout le Canada montrent que les froids extrêmes deviennent moins sévères, alors que les températures minimales pendant les vagues de froid tendent à se réchauffer au fil du temps.

Cet article examine l’évolution des vagues de froid dans le contexte des changements climatiques, explore les connaissances scientifiques actuelles sur les facteurs à l’origine de ces phénomènes et met en évidence la manière dont les outils disponibles sur Donneesclimatiques.ca peuvent faciliter la planification et l’adaptation.

Encadré 1 : Une vague de froid provoque des perturbations dans tout le Canada – 21 janvier 2025  Une vague de froid a frappé une grande partie du pays le 21 janvier 2025, provoquant des perturbations de l’Alberta au Canada atlantique. Alors que la température chutait à −21 °C, avec un refroidissement éolien marqué à Montréal, la situation a été aggravée par une panne de disjoncteur qui a privé d’électricité 100 000 clients d’Hydro-Québec.À Edmundston, au Nouveau-Brunswick, où la température a atteint une température minimale nocturne de −36 °C combinée au refroidissement éolien, 4 900 clients ont été privés d’électricité en raison d’une ligne de transport défectueuse.À Toronto et à Winnipeg, des avertissements de froid extrême ont été émis pendant que l’attention se tournait vers les populations vulnérables sans abri. Partout au pays, les municipalités et les entreprises de services publics ont averti les résidents des dangers — notamment le gel des tuyaux — que représentait la chute soudaine des températures.Bien que cette vague de froid n’ait pas battu de records, il a été noté que la rareté récente de tels épisodes les rend désormais particulièrement marquants. [1]

L’essentiel

Il existe un consensus scientifique clair sur le fait que les activités humaines, principalement la combustion de combustibles fossiles, provoquent le réchauffement de la Terre, et que l’Arctique se réchauffe deux à trois fois plus vite que la moyenne mondiale.[2] Cette tendance générale au réchauffement est parfois ponctuée par des épisodes de froid hivernal (« vagues de froid ») dans les régions tempérées du Nord, notamment en Amérique du Nord et en Eurasie.[3]

La plupart de ces vagues de froid n’établissent pas de nouveaux records de température. Néanmoins, elles entraînent des conditions nettement plus froides que la normale saisonnière et peuvent avoir des effets graves sur la santé humaine, les transports et la demande énergétique.

Les vagues de froid évoluent, mais ne disparaissent pas

Si les vagues de froid continuent de se produire, les températures froides extrêmes au Canada sont devenues moins sévères au fil du temps. En moyenne nationale, la température minimale quotidienne annuelle* a augmenté de plus de 3 °C entre 1948 et 2016, le réchauffement le plus marqué ayant été observé dans l’Ouest. Cela signifie qu’en général, les nuits les plus froides d’aujourd’hui sont plus chaudes qu’autrefois, même si elles demeurent extrêmes.

Seulement environ 0,5 °C de cette hausse de 3 °C peut être liée à la variabilité interne naturelle du climat; jusqu’à 2,8 °C sont attribuables à des causes humaines. Dans la plupart des régions du monde, il est pratiquement certain qu’il y aura moins de températures extrêmement froides à mesure que les températures moyennes augmenteront — et c’est le cas au Canada.[4]

*La température minimale quotidienne correspond à la température la plus basse enregistrée au cours d’une période de 24 heures. La majorité de ces températures se produisent pendant la nuit.

Les chercheurs s’efforcent de comprendre les facteurs qui déterminent les vagues de froid dans un climat en réchauffement. Certaines études mettent en évidence des changements dans les régions tropicales, où la modification des configurations océan-atmosphère peut influencer le courant-jet — ce courant d’air à haute altitude qui se déplace rapidement et oriente les systèmes météorologiques.
D’autres recherches soulignent le réchauffement rapide de l’Arctique, où la perte de glace de mer et l’augmentation de la température de surface peuvent affecter la circulation atmosphérique à grande échelle. Ces changements peuvent perturber le vortex polaire, une bande de vent fort qui encercle normalement l’Arctique dans la stratosphère et contribue à contenir l’air le plus froid.
Lorsque le vortex s’affaiblit ou devient instable, des lobes d’air arctique peuvent se propager vers le sud jusqu’aux latitudes moyennes.

Bien que ces processus puissent influencer les conditions hivernales loin de l’Arctique, l’intensité et la cohérence de ces liens ne sont considérées que comme faibles à moyennement fiables. Par exemple, même si les événements de vortex polaire faible sont plus fréquents, les études ne montrent pas d’augmentation correspondante des vagues de froid aux latitudes moyennes.

Une étude menée par Lee (2019) a révélé que le régime climatique nord-américain, étroitement lié au froid extrême, ne dépend pas fortement de l’intensité du vortex, ce qui suggère qu’un vortex affaibli n’entraîne pas nécessairement de froid extrême à grande échelle. Les recherches se poursuivent pour mieux comprendre ces dynamiques.[5]

C’est le réchauffement, et non le froid, qui préoccupe le plus

Bien que les vagues de froid aient des effets importants lorsqu’elles se produisent, le réchauffement climatique au Canada est généralement plus préoccupant. Le réchauffement des températures, particulièrement en hiver et dans le Nord, entraîne notamment : [6]

  • une diminution de la durée du manteau neigeux, avec un début plus tardif à l’automne et une fonte plus précoce au printemps ;
  • le remplacement de la glace de mer pérenne par une glace saisonnière plus mince ;
  • une réduction de la durée de la couverture des lacs, avec une débâcle plus précoce et un gel plus tardif ;
  • une augmentation des températures du pergélisol et de l’épaisseur de la couche active.

Ces changements touchent particulièrement les communautés nordiques, et les projections indiquent que le réchauffement se poursuivra. Par exemple, les hivers plus doux ont une incidence sur la sécurité alimentaire de nombreuses communautés autochtones et rurales, en perturbant l’accès aux terrains de chasse et en influençant l’abondance et la répartition des espèces.

Le raccourcissement de la saison des routes hivernales limite le transport de fournitures vers les communautés éloignées. Le dégel du pergélisol endommage les bâtiments et les infrastructures. De plus, la perte de glace côtière accentue l’érosion et l’action des vagues, menaçant plusieurs collectivités arctiques.[7]

Informations provenant de Donneesclimatiques.ca

Donneesclimatiques.ca fournit des projections pour plusieurs variables et indices liés aux vagues de froid :

Les fonctions d’analyse de la page Téléchargement permettent de calculer des indices personnalisés (par exemple, le nombre de jours de vague de froid ou de jours où la température minimale est inférieure à un seuil précis).

Pour en savoir plus :

Conclusion

Si les vagues de froid demeurent un élément familier des hivers canadiens, elles évoluent en raison des changements climatiques.

Plutôt que de devenir plus fréquentes ou plus intenses, elles tendent à se réchauffer, reflétant les transformations climatiques induites par les activités humaines.
Parallèlement, les changements dans l’Arctique et les tropiques pourraient modifier la circulation hivernale de manière à accroître la variabilité, créant parfois des vagues de froid perturbatrices lorsque les conditions s’alignent.
Mieux comprendre ces dynamiques est essentiel, et Donneesclimatiques.ca offre des données et des outils qui soutiennent les efforts d’adaptation en cours.

Références

[1] Maimann, Kevin. Canadian winter living up to its reputation as Arctic air chills Eastern provinces | CBC News. January 22, 2025; Power restored for most Hydro-Québec clients in Montreal | Montreal Gazette. January 22, 2025; Jerrett, Andrea. Edmundston mayor frustrated by power outages amid cold snap. January 22, 2025; Fowler, Shane. Thousands without power in Edmundston area during cold snap | CBC News. January 21, 2025.

[2] Meredith M, Sommerkorn M, Cassotta S, Derksen C, Ekaykin A, Hollowed A, Kofinas G, Mackintosh A, Melbourne-Thomas J, Muelbert MMC, Ottersen G, Pritchard H, Schuur EAG (2019): Polar Regions. In: IPCC Special Report on the Ocean and Cryosphere in a Changing Climate [Eds. Pörtner H-O, Roberts DC, Masson-Delmotte V, Zhai P, Tignor M, Poloczanska E, Mintenbeck K, Alegría A, Nicolai M, Okem A, Petzold J, Rama B, Weyer NM].pp. 203-320. https://www.ipcc.ch/srocc/; Miller GH, Lehman SJ, Refsnider KA, Southon JR, Zong (2013): Unprecedented recent summer warmth in Arctic Canada. Geophysical Research Letters 40: 5745-5751. https://doi.org/10.1002/2013GL057188; https://www.noaa.gov/news/2019-was-2nd-hottest-year-on-record-for-earth-say-noaa-nasa; Zhang, X., Flato, G., Kirchmeier-Young, M., Vincent, L., Wan, H., Wang, X., Rong, R., Fyfe, J., Li, G., et V.V. Kharin. « Les changements de température et de précipitations pour le Canada », chapitre 4 dans Rapport sur le climat changeant du Canada, E. Bush et D.S. Lemmen (éd.), gouvernement du Canada, Ottawa, Ontario, 2019 p. 113-193. Chapitre 4 — Rapport sur le climat changeant du Canada

[3] Kug J-S, Jeong J-H, Jang Y-S, Kim B-M, Folland CK, Min S-K, Son S-W (2015): Two distinct influences of Arctic warming on cold winters over North America and East AsiaNature Geoscience 8: 759-762. https://doi.org/10.1038/ngeo2517

[4] Zhang, X., Flato, G., Kirchmeier-Young, M., Vincent, L., Wan, H., Wang, X., Rong, R., Fyfe, J., Li, G., et V.V. Kharin. « Les changements de température et de précipitations pour le Canada », chapitre 4 dans Rapport sur le climat changeant du Canada, E. Bush et D.S. Lemmen (éd.), gouvernement du Canada, Ottawa, Ontario, 2019 p. 113-193. Chapitre 4 — Rapport sur le climat changeant du Canada; . Collins M, Knutti R, Arblaster J, Dufresne J-L, Fichefet T, Friedling­stein P, Gao X, Gutowski WJ, Johns T, Krinner G, Shongwe M, Te­baldi C, Weaver AJ, Wehner M (2013): Long-term climate change: projections, commitments and irreversibility. In: Climate Change 2013: The Physical Science Basis; Contribution of Working Group I to the Fifth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change [Stocker TF, Qin D, Plattner G-K, Tignor M, Allen SK, Boschung J, Nauels A, Xia Y, Bex V, Midgley PM (Eds)]. Cambridge University Press, Cambridge, United Kingdom and New York, NY, USA; p. 1029–1136. https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/WG1AR5_Chap­ter12_FINAL.pdf 

[5] Lee SH (2019): Wintertime North American Weather Regimes and the Arctic Stratospheric Polar Vortex. Geophysical research Letters 46: 14892-14900; Meredith M, Sommerkorn M, Cassotta S, Derksen C, Ekaykin A, Hollowed A, Kofinas G, Mackintosh A, Melbourne-Thomas J, Muelbert MMC, Ottersen G, Pritchard H, Schuur EAG (2019): Polar Regions. In: IPCC Special Report on the Ocean and Cryosphere in a Changing Climate [Eds. Pörtner H-O, Roberts DC, Masson-Delmotte V, Zhai P, Tignor M, Poloczanska E, Mintenbeck K, Alegría A, Nicolai M, Okem A, Petzold J, Rama B, Weyer NM].pp. 203-320. https://www.ipcc.ch/srocc/; Pedersen RA, Cvijanovic I, Langen PL, Vinther BM (2016): The Impact of Regional Arctic Sea Ice Loss on Atmospheric Circulation and the NAO. Journal of Climate 29: 889-902. https://doi.org/10.1175/JCLI-D-15-0315.1; Tang Q, Zhang X, Yang X, Francis JA (2013): Cold winter extremes in northern continents linked to Arctic sea ice loss. Environmental Research Letters 8. https://doi.org/10.1088/1748-9326/8/1/014036; Wallace JM, Held IM, Thompson DWJ, Trenberth KE, Walsh JE (2014): Global Warming and Winter Weather. Science 343: 729-730. DOI: 10.1126/science.343.6172.729; Meredith M, Sommerkorn M, Cassotta S, Derksen C, Ekaykin A, Hollowed A, Kofinas G, Mackintosh A, Melbourne-Thomas J, Muelbert MMC, Ottersen G, Pritchard H, Schuur EAG (2019): Polar Regions. In: IPCC Special Report on the Ocean and Cryosphere in a Changing Climate [Eds. Pörtner H-O, Roberts DC, Masson-Delmotte V, Zhai P, Tignor M, Poloczanska E, Mintenbeck K, Alegría A, Nicolai M, Okem A, Petzold J, Rama B, Weyer NM].pp. 203-320. https://www.ipcc.ch/srocc/

[6] Derksen, C., D. Burgess, C. Duguay, S. Howell, L. Mudryk, S. Smith, C. Thackeray et M. Kirchmeier-Young. « Évolution de la neige, de la glace et du pergélisol à l’échelle du Canada », chapitre 5 dans Rapport sur le climat changeant du Canada, E. Bush et D.S. Lemmen (éd.), gouvernement du Canada, Ottawa, Ontario, 2019, p. 195-260. http://www.changingclimate.ca/CCCR2019

[7] Larsen JN, Anisimov OA, Constable A, Hollowed AB, Maynard N, Prestrud P, Prowse TD Stone JMR (2014): Polar regions. In: Climate Change 2014: Impacts, Adaptation, and Vulnerability. Part B: Regional Aspects. Contribution of Working Group II to the Fifth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change [Barros VR, Field CB, Dokken DJ, Mastrandrea MD, Mach KJ, Bilir TE, Chatterjee M, Ebi KL, Estrada YO, Genova RC, Girma B, Kissel ES, Levy AN, MacCracken S, Mastrandrea PR, White LL (Eds.)]. Cambridge University Press, Cambridge, United Kingdom and New York, NY, USA, pp. 1567-1612. Larsen, J.N., O.A. Anisimov, A. Constable, A.B. Hollowed, N. Maynard, P. Prestrud, T.D. Prowse, and J.M.R. Stone. 2014. Polar Regions. | Tribal Climate Change Guide