Quel est le lien entre les changements climatiques et les aléas météorologiques ?
Les aléas météorologiques, comme les vagues de chaleur et les inondations, sont devenus plus fréquents et plus intenses au Canada et dans une grande partie du monde.[1] Cet article est le premier d’une nouvelle série de publications, dans laquelle nous examinerons plusieurs aléas météorologiques différents et nous étudierons comment la hausse des températures et les changements climatiques peuvent influer sur leur fréquence, leur intensité et leur durée.
Le climat représente la moyenne à long terme des conditions météorologiques (généralement une moyenne sur 30 ans). Les zones climatiques (régions connaissant des conditions météorologiques similaires) sont souvent étendues. Les aléas météorologiques ont tendance à être des événements singuliers de courte durée qui peuvent entraîner des dommages et des perturbations considérables. Quel est le lien entre les changements climatiques et les aléas météorologiques ?
Ce premier article traite des pluies verglaçantes. Nous donnons ici un aperçu des dernières données et recherches pour faire la lumière sur la façon dont le changement climatique pourrait modifier la fréquence, la gravité, et la répartition géographique des épisodes de pluie verglaçante à travers le pays.
Où la pluie verglaçante a-t-elle tendance à tomber au Canada ?
La pluie verglaçante est le plus souvent observée dans l’est du Canada, en particulier dans des régions comme le sud du Québec, le sud et l’est de l’Ontario et les provinces de l’Atlantique. Pendant la saison hivernale, ces régions sont plus sensibles aux conditions qui conduisent à la pluie verglaçante en raison de leur situation géographique et des conditions météorologiques qui y règnent.
La vallée du fleuve Saint-Laurent est un point névralgique pour les pluies verglaçantes. Ici, l’air froid s’enfonce dans la vallée, refroidissant les gouttes de pluie liquides qui tombent de l’air relativement chaud en altitude. Il n’est pas rare que des villes comme Ottawa et Montréal connaissent plusieurs alertes de pluie verglaçante par an. Dans la plupart des cas, les épisodes de pluie verglaçante durent de quelques minutes à quelques heures. Toutefois, des épisodes de pluie verglaçante plus longs et plus graves sont possibles, comme l’a montré la tristement célèbre tempête de verglas de 1998 au Québec Durant cette tempête, plus de 100 mm de précipitations mixtes sont tombés pendant cinq jours consécutifs, abattant des arbres et des lignes électriques, recouvrant les routes et causant au moins 40 décès.
Quelles recherches sont menées sur les effets du changement climatique sur les pluies verglaçantes au Canada ?
La relation entre la pluie verglaçante et les changements climatiques est un domaine de recherche actif. Une étude réalisée par McCray, Paquin, Thériault et Bresson (2022) a utilisé le modèle régional canadien du climat (MRCC5) pour prévoir les changements dans les régimes de pluie verglaçante en Amérique du Nord. Voici les trois principaux enseignements de cette étude :
- La fréquence des pluies verglaçantes devrait augmenter dans certaines parties de l’ouest et du centre du Canada (Alberta, Saskatchewan, Manitoba), et diminuer dans une grande partie des États-Unis.
- La méthode spécifique utilisée pour modéliser les épisodes de pluie verglaçante affecte l’ampleur, mais pas la direction, des changements projetés.
- Le choix du modèle climatique mondial utilisé pour piloter le modèle climatique régional influence grandement les prévisions, indiquant une incertitude significative à la fois dans l’étendue et la direction des changements dans les événements de pluie verglaçante.[2]
Une approche différente de la modélisation des risques futurs de pluie verglaçante a été adoptée dans le cadre de l’initiative « Bâtiments résistants au climat et infrastructures publiques de bas » (BIPBRCC). Le rapport final de la BIPBRCC contient des paramètres climatiques modélisés destinés à être utilisés dans la conception des infrastructures (ce que l’on appelle les « valeurs de conception »), en particulier les bâtiments et les ponts. L’une de ces valeurs de conception est l’accrétion de glace. L’accrétion de glace peut résulter de plusieurs processus différents ; cependant, la pluie verglaçante est la cause dominante de l’accrétion de glace dans la plupart des endroits au Canada, ce qui en fait un substitut approprié – ou une solution de rechange – pour ce danger. Les données de la BIPBRCC sur l’accrétion de la glace prévoient un déplacement similaire vers les pôles des futures conditions de précipitations verglaçantes en raison de l’augmentation des températures de surface, comme l’ont noté McCray et al. (2022). La confiance dans les projections des valeurs futures d’accrétion de glace est faible en raison de la complexité des processus impliqués dans la formation de l’accrétion de glace, et de la résolution spatiale et temporelle limitée des modèles climatiques.[3]
Explorez les données
Pour les personnes intéressées par l’ensemble des données brutes utilisées par McCray, Paquin, Thériault et Bresson (2022), les fréquences annuelles des pluies verglaçantes générées par chaque algorithme de simulation et de type de précipitations sont disponibles pour l’ensemble de l’Amérique du Nord (en anglais seulement) : https://doi.org/10.20383/103.0575.
Ouranos a également mis à disposition ses données de pluie verglaçante via son portail de données Portraits climatiques. Sur ce site, vous pouvez explorer des cartes et des données sur la pluie verglaçante, pour le Québec seulement, résumées par :
- Nombre annuel d’heures de pluie verglaçante
- Nombre annuel d’événements de pluie verglaçante de longue durée (>= 6 heures)
- Nombre annuel d’événements avec au moins 10 mm de pluie verglaçante
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