Introduction
Donneesclimatiques.ca est spécialisée dans la fourniture de projections à long terme du climat futur. Bien que ces projections soient essentielles pour renforcer la résilience face aux changements climatiques, de nombreux utilisateurs ont également besoin de comprendre les variations climatiques à plus court terme d’une année à l’autre et d’un mois à l’autre. Ces variations, y compris les changements en matière de température et de précipitations, sont dues à la variabilité interne inhérente au système climatique. Cette variabilité influence les conditions climatiques régionales à travers le Canada, masquant souvent les tendances à long terme à court terme.
Pour de nombreuses régions du Canada, le phénomène d’oscillation australe El Niño est l’un des principaux facteurs de cette variabilité. Le phénomène d’oscillation australe El Niño alterne des phases plus chaudes et plus froides connues sous le nom d’El Niño et de La Niña. Ces phases influencent les schémas météorologiques mondiaux car le climat de différents endroits est lié, ce que l’on appelle formellement les « téléconnexions » (encadré 1). Les téléconnexions jouent un rôle important dans la modulation des températures, des précipitations et même de la fréquence et de l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes dans le monde entier.
Le phénomène d'oscillation australe El Niño
El Niño est l’une des phases d’un phénomène climatique plus vaste et naturellement récurrent, appelé le phénomène oscillation australe El Niño, qui résulte de la modification des alizés dans l’océan Pacifique. Le phénomène peut avoir des répercussions étendues et pluriannuelles sur les conditions météorologiques mondiales, influençant tout, des températures des océans aux précipitations. Cette tendance est abordée dans les articles Importance d’utiliser 30 ans de données et Zone d’apprentissage de la variabilité naturelle en raison de son impact important sur la variabilité du climat.
Les événements oscillation australe El Niño se manifestent par des changements périodiques de la température de surface de la mer (SST) et de la pression au niveau de la mer (SLP) dans l’océan Pacifique tropical, les fluctuations de la SST pouvant atteindre 1 à 3°C au-dessus ou au-dessous de la moyenne. Le cycle oscillation australe El Niño se compose de trois phases : El Niño, la phase chaude, La Niña, la phase froide, et une phase neutre pendant la transition. L’impact de ce cycle est mondial, affectant les schémas météorologiques dans toutes les régions, y compris l’Amérique du Nord, avec des influences sur les précipitations tropicales et des effets météorologiques en cascade dans le monde entier.
El Niño
Pendant El Niño, les températures de surface de la mer augmentent dans le centre et l’est du Pacifique tropical, ce qui entraîne un affaiblissement ou une inversion de la configuration des vents d’est en ouest habituellement observée à ces latitudes. Ce changement perturbe le transport des eaux chaudes vers l’ouest, ce qui leur permet de s’accumuler près de l’Amérique du Sud. L’eau chaude est moins dense que l’eau froide, ce qui signifie que le niveau de la mer augmente lorsque l’eau se réchauffe. Ce phénomène peut être détecté par les satellites et constitue l’un des moyens de détecter l’arrivée d’El Niño. Les changements de SLP dans le Pacifique tropical sont également utilisés pour détecter et mesurer la force des événements du phénomène oscillation australe El Niño (encadré 2).
Fait important pour les Canadiens, le courant-jet du Pacifique se déplace vers le sud lors d’un El Niño, ce qui modifie les conditions météorologiques en Amérique du Nord. El Niño se traduit généralement par des hivers plus chauds et plus secs dans le nord des États-Unis et du Canada (figure 1).
Les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine ont déjà considérablement réchauffé le système climatique. Lorsqu’un épisode El Niño se produit, ce réchauffement de fond se combine aux schémas de réchauffement naturels, augmentant ainsi les risques de températures extrêmement élevées.
La Niña
Pendant La Niña, les températures de surface de l’océan se refroidissent dans le centre et l’est du Pacifique tropical alors que les alizés typiques d’est en ouest s’intensifient, poussant les eaux chaudes vers l’ouest, en direction de l’Australie. Ce changement entraîne le déplacement du courant-jet du Pacifique vers le nord, ce qui se traduit par des conditions plus froides et plus humides dans le nord-ouest du Pacifique, ce qui peut augmenter la probabilité de fortes pluies et d’inondations dans cette région. Au Canada, La Niña apporte souvent un hiver plus froid et plus enneigé dans les provinces de l’ouest, en particulier en Colombie-Britannique et dans les Prairies, et peut entraîner des chutes de neige plus importantes dans certaines parties de l’Ontario et du Québec. En revanche, le sud des États-Unis a tendance à connaître des conditions plus sèches que la normale pendant La Niña (figure 2).
Conclusion
Il est essentiel de comprendre le phénomène oscillation australe El Niño et son rôle dans l’influence des régimes climatiques mondiaux et régionaux pour comprendre une partie de la variabilité des températures annuelles moyennes et, récemment, les températures extrêmes que nous avons connues. Si les changements climatiques d’origine humaine sont le moteur des tendances au réchauffement à long terme, des phénomènes naturels comme El Niño peuvent temporairement amplifier le réchauffement observé. Il est important de reconnaître le rôle des téléconnexions, telles que e phénomène oscillation australe El Niño, dans la formation des conditions météorologiques que nous connaissons. En étudiant ces interactions, les scientifiques peuvent améliorer les prévisions saisonnières et développer de meilleurs modèles climatiques, ce qui nous aide à nous préparer aux futurs défis climatiques. Dans les prochains articles, nous explorerons d’autres téléconnexions importantes et leur impact sur le climat du Canada.