Exploration de l'analyse « En profondeur »
L’analyse « En profondeur » de l’application des projections de la météo des feux de forêt fournit aux utilisateurs des projections précalculées quadrillées standard des conditions météorologiques des feux ainsi que l’option de créer des mesures personnalisées pour des emplacements de stations météorologiques spécifiques. Les données précalculées offrent des projections moyennes à long terme pour les six composantes météo des feux et la durée de la saison des feux, tandis que l’option de personnalisation permet d’extraire des données plus personnalisées pour un emplacement de station spécifique, ce qui est utile pour les experts en feux de forêt. L’article abonné présente ces deux options.
1. Métriques standards (grillées)
L’onglet « Métriques standards (grillées) » de l’analyse « En profondeur » de l’application fournit aux utilisateurs des projections précalculées pour les six composantes de la Méthode canadienne de l’indice Forêt-Météo (IFM) ainsi que pour la durée de la saison des incendies. Chacune des composantes de la Méthode IFM est disponible par le biais de métriques calculées, offrant un aperçu de la fréquence, de la sévérité et de la durée des conditions météo des feux, aidant les utilisateurs à comprendre les futures conditions météo des feux potentielles sur des périodes de 30 ans sélectionnées par l’utilisateur. Les données couvrent la majeure partie du Canada, à l’exception de l’écozone du Haut-Arctique et de certaines régions côtières et dominées par les glaciers.
Il existe de nombreuses options parmi lesquelles choisir. Pour commencer, examinons de près quelques-uns des différents composants et mesures de la météo des feux de forêt disponibles sur le site.
a. Indice du combustible disponible (95e percentile pour mai à septembre)
L’indice du combustible disponible (ICD) est un élément de la météo des feux qui évalue les conditions de sécheresse de la couverture forestière, indiquant la quantité de matière disponible comme combustible potentiel pour les feux de forêt. Un ICD plus élevé signifie un potentiel accru de combustible sec (c’est-à-dire de végétation). Dans la section « En profondeur » de l’application, les utilisateurs peuvent explorer l’ICD à travers différentes métriques. Par exemple, la métrique « 95e percentile pour mai à septembre » (également appelée ICDp95) met en évidence les valeurs ICD haut de gamme pendant la saison de pointes des feux, qui peuvent être considérées comme les valeurs extrêmes ou les plus « sévères » d’une saison des feux. Les utilisateurs peuvent également visualiser et télécharger les changements projetés en fonction de différents scénarios d’émissions et de périodes de 30 ans. La carte ci-dessous montre le pourcentage de changement dans les valeurs ICGp95 mai-septembre entre la période future 2071-2100 et le niveau de référence 1971-2000 dans le cadre du scénario d’émissions élevé (RCP8.5) (Figure 1).
Figure 1: Cette carte indique que le Canada devrait connaître une augmentation des valeurs ICD extrêmes à l’avenir dans le cadre d’un scénario d’émissions élevées, avec une hausse de 20-45 % dans l’ensemble du pays. Les augmentations les plus prononcées sont attendues dans l’ouest du Canada (jusqu’à 150 %), dans le nord du Québec (jusqu’à 145 %) et dans les territoires (jusqu’à 110 %), ce qui indique des conditions de météo des feux plus sévères dans ces régions.
b. Indice Forêt-Météo (nombre de jours avec un danger d'incendie « très élevé »)
L’indice Forêt-Météo (IFM) est un autre élément de la Méthode IFM, qui tient compte à la fois de la sécheresse de la couverture forestière et des conditions de vent. Comme l’ICD, l’IFM peut être exploré à l’aide de diverses mesures. L’une des options consiste à sélectionner « Nombre de jours avec un danger d’incendie très élevé » dans la liste déroulante des mesures. Cela permet de générer une carte montrant le nombre moyen de jours avec une valeur IFM de 20 ou plus, qui sert généralement de seuil pour un danger d’incendie « très élevé ». Cependant, il est important de noter que les seuils spécifiques pour un danger d’incendie « très élevé » peuvent varier d’une juridiction à l’autre. Par exemple, en Alberta, les valeurs de l’IFM sont considérées comme « très élevé » lorsqu’elles se situent entre 18,5 et 29,5 (tableau 1), tandis qu’en Nouvelle-Écosse, les valeurs de l’IFM « très élevé » se situent entre 17 et 22,9 (voir la section « Ressources supplémentaires » dans le l’article du onglet « Démarrage rapide » pour connaître les autres seuils provinciaux de l’IFM).
La carte ci-dessous illustre l’évolution du nombre de jours avec un danger d’incendie « très élevé », défini comme les jours où l’IFM est égal ou supérieur à 20, entre la période future 2071-2100 et la période de référence 1971-2000 dans le cadre du scénario à fortes émissions (RCP8.5) (Figure 2). À des fins de démonstration, cette carte montre le « changement absolu » au lieu du « changement en pourcentage » utilisé dans l’exemple précédent.
Figure 2: Cette carte indique que d’ici 2071-2100, dans le cadre d’un scénario d’émissions élevées, la plupart des régions du Canada devraient connaître une augmentation du nombre projeté de jours avec un danger d’IFM « très élevé ». Certaines parties de l’ouest du Canada pourraient connaître jusqu’à 41 jours supplémentaires de danger d’incendie « très élevé », tandis que l’est du Canada devrait assister à une augmentation de 1 à 5 jours de danger d’incendie « très élevé ».
c. Durée de la saison des feux de forêt
La durée de la saison des feux de forêt est la dernière composante de l’application IFM que nous allons démontrer. Dans cette application, la saison des feux commence après trois jours consécutifs avec des températures maximales supérieures à 12°C et se termine le troisième jour consécutif où la température maximale est inférieure à 5°C (Figure 3).
Figure 3: Cette carte, qui montre les changements projetés dans la durée de la saison des feux au Canada d’ici 2071-2100, dans le cadre d’un scénario d’émissions élevées (RCP8.5), montre que l’on s’attend à ce que la saison des feux s’allonge d’au moins 20 jours par an dans l’ensemble du pays. Dans certaines régions, comme l’ouest de la Colombie-Britannique, le nord du Québec, les territoires et Terre-Neuve-et-Labrador, la saison des feux pourrait s’allonger encore plus – jusqu’à 125, 73, 60 et 64 jours de plus que la moyenne 1971-2000, respectivement.
2. Mesures personnalisables (basées sur les stations)
L’onglet « Mesures personnalisables (basées sur les stations) » est l’endroit où les utilisateurs experts peuvent effectuer des analyses personnalisées, produire des graphiques détaillés et télécharger des données basées sur les stations. Les sous-sections suivantes ne présentent que quelques-unes des nombreuses mesures et graphiques qui peuvent être générés. Nous utiliserons à titre d’exemple des stations situées dans trois parcs nationaux de l’Alberta : lacs Waterton (station 3056214_NAT), Elk Island (station 3012275_NAT) et Wood Buffalo (station 2202200_NAT). Il s’agit des trois mêmes parcs nationaux que nous avons présentés dans notre précédent article sur la fonction « Démarrage rapide » : Découverte de la nouvelle application des projections de la météo des feux de forêt à travers trois mini-études de cas — DonneesClimatiques.ca.
a. Durée de la saison des feux de forêt
Les deux graphiques suivants montrent les changements projetés de la durée de la saison des feux dans le parc national des Lacs-Waterton, en Alberta. Ces figures présentent les mêmes données sur la durée de la saison des feux de forêt sous différents formats: un graphique de séries chronologiques (figure 4a) et un graphique à barres (figure 4b). Ces graphiques montrent que d’ici la fin du siècle, dans le cadre d’un scénario à faibles émissions, la saison des feux dans le parc pourrait s’étendre à environ 212-223 jours (environ 7-7,5 mois). En revanche, dans un scénario de fortes émissions, la saison des feux pourrait atteindre 239-253 jours (environ 8-8,5 mois), alors que la moyenne 1971-2000 est de 201 jours (environ 6,5 mois). Cela suggère que la saison des feux pourrait s’allonger de deux semaines à deux mois, selon le scénario d’émissions.
Figure 4 : Projections de la durée de la saison des feux (ou nombre de jours par an avec un danger d’incendie mesurable) pour la station 3056214_NAT (parc national des lacs Waterton, Alberta) de 1971-2000 à 2071-2100. a) Tracé des séries chronologiques : Ce diagramme de séries temporelles montre la durée de la saison des feux. Pour chaque scénario d’émissions (RCP), les lignes pleines indiquent la valeur moyenne de l’ensemble, de sorte que la moitié des résultats des modèles climatiques se situent en dessous de cette ligne et l’autre moitié au-dessus. La zone ombrée autour de chaque ligne montre la plage du 10e percentile de l’ensemble (10 % des résultats du modèle sont inférieurs à cette valeur) au 90e percentile (90 % des résultats du modèle sont inférieurs à cette valeur). Toutes les valeurs sont présentées sous forme de moyennes mobiles lissées sur 30 ans. Les moyennes sur 30 ans sont souvent utilisées pour s’assurer que les données reflètent le climat global et non l’expérience plus variable du temps. b) Diagramme à barres : Ce diagramme à barres montre la durée de la saison des feux. Pour chaque période et RCP (scénario d’émission), les lignes noires en gras indiquent la moyenne de l’ensemble. La moitié des résultats des modèles climatiques se situent en dessous de cette ligne et l’autre moitié au-dessus. Les cases bleues, vertes et rouges représentent le 10e percentile de l’ensemble (10 % des résultats du modèle sont inférieurs à cette valeur) et le 90e percentile (90 % des résultats du modèle sont inférieurs à cette valeur) pour RCP2.6, RCP4.5 et RCP8.5, respectivement.
b. Indices de danger (Indice Forêt-Météo)
L’exemple suivant présente une station située dans le parc national d’Elk Island, en Alberta. Ici, nous avons examiné les changements projetés des indices météo Forêt-Météo (IFM) de danger d’incendie au fil du temps. Les valeurs absolues (figure 5a) et les changements (figure 5b) sont affichés. Ces graphiques montrent le nombre moyen de jours sur 30 ans dans chaque catégorie de danger d’incendie, ou « bin », reflétant étroitement les indices de danger de l’IFM de l’Alberta, dans un scénario d’émissions élevées (RCP8.5) (tableau 1).
Figure 5 : Projections du degré de danger de l’Indice Forêt-Météo (nombre de jours dans chaque catégorie de danger d’incendie) pour la station 3012275_NAT (parc national d’Elk Island, Alberta) de 1971-2000 à 2071-2100, dans un scénario d’émissions élevées (RCP8.5). Les catégories de danger incendie sont indiqués dans la légende (par exemple, « faible », « modéré », « élevé », « très élevé », et « extrême » et « extrême »).
a) Valeurs absolues : Ce graphique montre la moyenne sur 30 ans du nombre annuel de jours dans chaque catégorie de danger d’incendie (indiquée dans la légende) pour l’indice Forêt-Météo. Seules les valeurs moyennes de l’ensemble sont fournies.
b) Changements : Ce graphique montre l’évolution de la moyenne sur 30 ans du nombre annuel de jours dans chaque catégorie de danger d’incendie pour la méthode IFM sélectionnée. Le changement est calculé par rapport à une base de référence allant de 1971 à 2000. Seules les valeurs moyennes de l’ensemble sont fournies.
Ces graphiques montrent que d’ici la fin du siècle, le parc national d’Elk Island devrait connaître davantage de jours où l’indice Forêt-Météo est considéré comme « faible », « élevé », « très élevé » et « extrême ». » Plus précisément, le parc peut s’attendre à environ 10 jours supplémentaires de danger d’incendie « faible », 4 jours supplémentaires de danger d’incendie « élevé », 11 jours supplémentaires de danger d’incendie « très élevé » et 9 jours supplémentaires de danger d’incendie « extrême » par rapport à la moyenne 1971-2000. Fait intéressant – le nombre projeté de jours de danger d’incendie « modéré » devrait diminuer légèrement.
Tableau 1 : Seuils d’évaluation du risque, de faible à extrême, pour les composantes de l’indice Forêt-Météo de l’Alberta. Pour en savoir plus sur les composantes de l’IFM de l’Alberta, cliquez ici: Légende de l’indice météo Forêt-Météo (alberta.ca) (en anglais seulement).
Niveau de danger |
ICL
Indice du combustible léger |
IH
Indice de l’humus |
IS
Indice de sécheresse |
IPI
Indice de propagation initiale |
ICD
Indice de combustible disponible |
IFM
Indice Forêt-Météo |
Faible |
0-76 |
0-21 |
0-79 |
0-1.5 |
0-24 |
0-4.5 |
Modéré |
77-84 |
22-27 |
80-189 |
2-4 |
25-40 |
4.5-10.5 |
Élevé |
85-88 |
28-40 |
190-299 |
5-8 |
41-60 |
10.5-18.5 |
Très élevé |
89-91 |
41-60 |
300-424 |
9-15 |
61-89 |
18.5-29.5 |
Extrême |
92+ |
61+ |
425+ |
16+ |
90+ |
29.5+ |
c. Jours au-dessus d'un seuil donné (indice combustible disponible)
Comme dernier exemple, nous avons examiné le nombre projeté de jours par an avec un indice combustible disponible (ICD) de 90 ou plus pour une station située dans le parc national de Wood Buffalo, en Alberta (figure 6). L’ICD mesure les conditions de sécheresse sous la surface du sol forestier, déterminant ainsi la quantité de matière brûlable disponible comme combustible pour les feux de forêt. La définition d’un seuil personnalisé de 90 ou plus pour les valeurs ICD est un exemple de la façon dont cette fonctionnalité de l’application peut être utilisée pour s’aligner sur les seuils fixés par la province pour le danger d’incendie extrême.
Figure 6 : Nombre moyen de jours où l’indice de combustible disponible est égal ou supérieur à 90 (ou danger d’incendie « extrême » en Alberta) pour la station 2202200_NAT (parc national Wood Buffalo, Alberta) de 1971-2000 à 2071-2100. Pour chaque période et RCP (scénario d’émission), les lignes noires en gras indiquent la moyenne de l’ensemble. Les plages de boîtes bleues, vertes et rouges représentent le 10e percentile (10 % des résultats du modèle sont inférieurs à cette valeur) à 90e percentile (90% des résultats du modèle sont inférieurs à cette valeur) de l’ensemble pour RCP2.6, RCP4.5 et RCP8.5, respectivement.
Ce diagramme à barres présente le nombre projeté de jours avec un ICD de 90+ pour tous les scénarios d’émissions jusqu’à la fin du siècle. Ce graphique montre que le parc national de Wood Buffalo, dans un scénario d’émissions élevées (RCP8.5) pourrait connaître une moyenne de 29 jours par an avec un ICD supérieur à 90 d’ici la fin de ce siècle (période 2071-2100) – neuf jours de plus que la moyenne historique (1971-2000) de 20 jours. Les barres de ce graphique montrent également que la fourchette des valeurs projetées vers la fin du siècle est entre 12 et 44 jours, selon le scénario d’émission.