Données climatiques en action : Établir les coûts des répercussions des changements climatiques

Introduction

Les gouvernements de la province et des municipalités de l’Ontario sont propriétaires d’un grand nombre  d’édifices. Actuellement, la valeur de ces structures — qui comprennent notamment les hôpitaux, les écoles, les palais de justice, ainsi que des installations culturelles et sportives — est estimée à plus de 250 milliards de dollars. L’entretien de ces structures pour les maintenir en bon état coûte plus de 10 milliards par année au gouvernement de l’Ontario.

Or, il est bien connu que les changements climatiques auront des répercussions sur les coûts d’entretien et de fonctionnement des édifices. Certains dangers climatiques, comme les épisodes de chaleur ou de précipitations extrêmes, augmenteront vraisemblablement en fréquence et en intensité à l’avenir, alors que d’autres, comme les jours de froid extrême et les cycles de gel-dégel, devraient diminuer. Jusqu’à tout récemment, les coûts d’entretien et de fonctionnement associés avec ces changements des dangers climatiques étaient inconnus, et constituaient donc un risque financier pour la province.

En 2021, on a demandé au Bureau de la responsabilité financière (BRF) de l’Ontario d’estimer les coûts supplémentaires que pourraient entraîner certains dangers liés aux changements climatiques sur la détérioration à long terme des édifices publics de l’Ontario. Pour ces travaux ambitieux visant à mieux comprendre les risques financiers associés aux changements climatiques sur les édifices, il était nécessaire d’acquérir une compréhension détaillée de la manière dont les changements climatiques influenceront la fréquence et l’intensité des phénomènes météorologiques violents dans l’ensemble de l’Ontario. Le BRF s’est associé au Centre canadien des services climatiques (CCSC) pour son expertise en climatologie, afin d’obtenir des projections climatiques personnalisées et applicables aux infrastructures à l’échelle de la province.

Données climatiques personnalisées pour l’Ontario

L’Ontario est une très grande province qui renferme plusieurs climats et caractéristiques géographiques uniques. Pour cette raison, l’équipe de projet a divisé le territoire de la province en 15 sous-régions, illustrées sur la figure ci-dessous, afin de mieux analyser les changements des climats locaux. Pour chaque région, des projections annuelles et des moyennes sur 30 ans au cours de la période de 1976 à 2100 ont été calculées à partir d’un ensemble de projections issues des 24 modèles à échelle statistiquement réduite, accessibles sur le site DonneesClimatiques.ca. Puis, pour chaque variable et chaque période, les 10e, 50e, et 90e percentiles des scénarios d’émissions RCP 2.6 (faibles), RCP 4.5 (moyennes), et RCP 8.5 (élevées) ont été synthétisées afin de présenter les gammes de projections des modèles climatiques.

Besoin d’aide pour comprendre ces termes? Approfondissez vos connaissances des gammes de projections climatiques.

Les 15 sous-régions climatiques définies pour le projet. Source : ICIP : Bâtiments – Évaluer les impacts financiers des précipitations extrêmes, des chaleurs extrêmes et des cycles gel/dégel sur les bâtiments publics en Ontario.

À partir de ces projections de modèles climatiques, combinées, dans certains cas, à des renseignements historiques sur le terrain, le CCSC a calculé 18 indices personnalisés. Ces indices sont liés aux principaux dangers climatiques ciblés par le BRF comme ayant une incidence particulièrement forte sur les édifices, à savoir les chaleurs extrêmes, les précipitations extrêmes et les cycles de gel-dégel. Le tableau ci-dessous donne des précisions sur ces 18 indices.

Modèle de détérioration des infrastructures

Ensuite, le BRF devait établir la relation entre les changements dans les dangers climatiques et les répercussions sur les édifices. WSP, une firme d’ingénieurs engagée par le BRF, a produit ces relations entre les coûts d’infrastructures et les variables climatiques au moyen d’un modèle de détérioration des infrastructures. Le modèle comprend des estimations des paramètres suivants :

  • le changement dans la vie utile d’une infrastructure type;
  • le changement dans les dépenses annuelles d’entretien et de fonctionnement (F et E);
  • le coût de conception d’une composante résiliente aux changements climatiques ayant la même fonctionnalité que la composante non résiliente (adaptation au moment du renouvellement);
  • le coût de rénovation d’une composante pour la rendre résiliente au danger climatique.
Source : ICIP Bâtiments – Évaluer les impacts financiers des précipitations extrêmes, des chaleurs extrêmes et des cycles gel/dégel sur les bâtiments publics en Ontario.

Les résultats de ces travaux indiquent que d’importantes augmentations des coûts de fonctionnement et d’entretien des infrastructures de la province sont à prévoir, à moins que des mesures proactives soient mises en œuvre à la fois pour atténuer les changements climatiques et pour adapter les infrastructures publiques de l’Ontario aux changements des dangers climatiques.

Par exemple, d’après le scénario d’émissions moyennes (RCP 4.5), l’équipe de projet estime une augmentation des coûts de 66 milliards de dollars d’ici 2100 (8 % de plus que les coûts de référence) en raison des changements climatiques. D’après le scénario d’émissions élevées (RCP 8.5), l’augmentation des coûts s’élèverait à 116 milliards de dollars d’ici 2100 (15 % de plus que les coûts de référence). Ces coûts découlent principalement de la détérioration accélérée des structures en raison des charges climatiques accrues et du vieillissement, entraînant des coûts de fonctionnement et d’entretien plus élevés, et de la diminution de la durée de vie des biens, entraînant une augmentation des coûts de remplacement.

La ligne continue représente la projection médiane (ou le 50e percentile). Les bandes colorées représentent la gamme de résultats possibles selon chaque scénario d’émissions. Les coûts présentés dans ce graphique s’ajoutent aux coûts de référence projetés au cours de la même période. Source : ICIP : Bâtiments – Évaluer les impacts financiers des précipitations extrêmes, des chaleurs extrêmes et des cycles gel/dégel sur les bâtiments publics en Ontario.

Résultats

En outre, l’équipe de projet a évalué les coûts de deux différentes stratégies d’adaptation : une stratégie réactive (biens adaptés à la fin de leur vie utile) et une stratégie proactive (biens adaptés plus rapidement par des rénovations). D’après les projections, les mesures d’adaptation réactives et proactives sont plus efficaces pour réduire les coûts associés à la détérioration accélérée des biens par les changements climatiques que l’absence de mesures d’adaptation.  Ce résultat va dans le même sens que d’autres études, qui ont conclu que l’adaptation réduit les coûts à long terme associés aux changements climatiques.

Les coûts présentés dans ce graphique s’ajoutent aux coûts de référence au cours de la même période. Pour déterminer la stratégie la plus économique dans le cas particulier d’un bien pris individuellement, il faudrait comparer les coûts de différentes stratégies d’adaptation au cours de sa durée de vie utile, pour une gamme de dangers climatiques et de coûts sociétaux élargie, en tenant compte de son contexte particulier. Source : ICIP : Bâtiments – Évaluer les impacts financiers des précipitations extrêmes, des chaleurs extrêmes et des cycles gel/dégel sur les bâtiments publics en Ontario.

En résumé

Les résultats obtenus par le BRF indiquent que les changements climatiques entraîneront une augmentation substantielle des coûts d’entretien des édifices publics de l’Ontario. L’ampleur à long terme de ces coûts supplémentaires sur les budgets provinciaux et municipaux dépendra de la vitesse à laquelle nous pourrons réduire les émissions de gaz à effet de serre, et donc freiner les changements climatiques à l’échelle mondiale. Le plus important résultat de ces travaux concerne peut-être l’évaluation globale des impacts des changements climatiques sur les coûts de fonctionnement, d’entretien et de remplacement des édifices.  L’étude démontre que l’adaptation, même si elle est coûteuse à court terme, est plus économique à long terme pour les contribuables canadiens.

 

Pour en savoir encore davantage, lisez le rapport complet ici.